On te l’a déjà dit ici, la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde (avant les transports, si, si), sans parler de l’exploitation humaine voire de l’esclavagisme massif (et ethnique avec les Ouïghours).
Alors quand on lit l’accroche :
“Make your trash great again”
On dit : Kasbah Kosmic, présidente !
La marque (que tu as pu découvrir avec les trois fierce looks de Flèche Love dans cet article) utilise des chutes de matériaux, des vêtements d’occasion et des surplus de stock pour en faire des pièces de mode uniques, reconstruites et customisées à la main.
Coté esthétique, on est sur un décor de “médina rêvée”, des looks 90’s algéro-métissés, un peu de Wordart et autres typos kitsch en 3D, des dégradés de couleurs psychédéliques … des vacances au bled en 1995 sous LSD !
Kenza Vandeput Taleb
Sa fondatrice, la slasheuse Kenza (CPE en lycée le jour et créatrice de mode durable la nuit), est belgo-algérienne. Elle célébre et questionne son double héritage à travers ses créations.
La marque Kasbah Kosmic est le fruit de beaucoup de détermination et des fortes convictions de sa créatrice :
“J’ai commencé un cursus de designer à l’Académie de Mode d’Anvers, mais je n’ai pas été admise en deuxième année. Déçue, j’ai d’abord cessé tout ce qui était en rapport avec la mode. Une professeure m’avait même dit à l’époque que je n’étais sûrement pas faite pour devenir créatrice de mode. À chaque fois que je repense à ce moment, ça me donne encore plus d’ambition pour mon projet !
Après cela, je me suis réfugiée dans mon deuxième amour, la seconde-main. J’ai commencé à chiner et à revendre des pièces de marques vintage sur mon temps libre, en parallèle de mon emploi de CPE.
Mon stock devenant assez conséquent, j’ai ressorti ma machine à coudre toute poussiéreuse et je me suis mise à customiser les invendus. J’ai aussi eu l’occasion de visiter un centre de tri de vêtements de seconde-main et je me suis rendue compte à quel point nous produisions trop …
Ça a été le déclic, une évidence : je devais créer une marque de mode d’upcycling. »
Looksouk
C’est ainsi qu’est née l’esthétique unique de Kasbah Kosmic il y a un an.
« Le “Kasbah”, ça représente l’héritage algérien du coté de ma mère : la kasbah c’est l’épicentre la ville, c’est là qu’il y a les marchés, les magasins, le monde, l’énergie. C’est là que je puise les symboles et toute la profondeur historique de mon esthétique, avec les vêtements traditionnels algériens.
J’apporte mon regard de millenial belge sur ces vêtements traditionnels, avec du sportswear vintage, des éléments plus rock et punk, toujours chinés, et aussi ma vision rêvée de l’Algérie. Je n’ai moi-même jamais vécu en Algérie, c’est plutôt une interprétation, une narration que je fais de ce pays.
Le “Kosmic”, c’est pour le côté décalé et futuriste de mon père qui est belge et a toujours été passionné d’astronautique. J’ai grandi avec l’idée que nous n’étions pas que des humains qui vivent sur Terre pour un temps, que faisons partie de quelque chose de plus grand, du système solaire, de la voie lactée, d’un univers infini régi par des lois cosmiques où tout est lié.
Enfin l’upcycling, c’est l’hybridation de matériaux aux histoires différentes, pour produire une nouvelle pièce, unique. Cette technique me permet de synthétiser et d’unifier de manière très fluide tous ces différents héritages culturels, que l’on pense parfois opposés.
Et au-delà de la création, j’ai aussi envie de transmettre —déformation professionnelle de CPE oblige !
J’aimerais faire de la pédagogie autour de la mode durable et des valeurs d’écologie et de non-gaspillage auprès des plus jeunes.”
Nouveaux projets
Kenza n’arrête jamais et ne manque pas d’actualités (toujours à côté de son travail déjà à plein temps !) :
- Prochainement, un shooting pour le grand magazine de mode barcelonais Fucking Young Magazine ;
- Fin mars, une collection capsule filmée, en collaboration avec la styliste Laure Orset-Prelet de chez Smala Paris et la vidéaste queer Sarra Ryma ;
- Du 4 au 15 avril, une exposition au centre culturel De Markten à Bruxelles autour de l’identité multiple.
“J’espère aussi participer à la Fashion Week d’Oran en novembre 2021. J’ai vraiment envie de collaborer avec l’Afrique, j’en ai tellement marre de cet impérialisme de la mode ou tout se passe à Paris ou Londres, j’ai envie de faire bouger les lignes et les mentalités !”
- Pour parcourir le looksouk et acheter des pièces uniques, fait-main et upcyclées, l’e-shop : kasbahkosmic.com
- Pour suivre toutes les actus de Kasbah Kosmic, le compte instagram : @kasbah_kosmic
JEU CONCOURS
Et pour tenter de gagner un t-shirt “Air Algérie” customisé pour l’occasion par Kasbah Kosmic, rendez-vous ce soir sur le compte instagram de Désoriental !
crédits photos : Kasbah Kosmic