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édito : santé mentale et question raciale

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Aujourd’hui on a envie te parler d’un sujet complexe qui nous intéresse de près : la santé mentale.

Allez, je me mouille, c’est un sujet qui touche, moi.

Il me touche en tant que Française racisée, parce que derrière Désoriental, il y a des vécus racistes, des questionnements identitaires et des colères, qu’il m’a fallu laborieusement transformer en cette (superbe 😎) newsletter pop-intello avant de me sentir à peu près alignée et en bonne santé mentale.

Il me touche en tant que proche aidante depuis quelques années maintenant, fatiguée chaque jour de la stigmatisation institutionnelle, sanitaire, sociale et culturelle que subissent les personnes vivant avec un trouble psychiatrique. Fatiguée que le sujet santé mentale soit encore tabou, malgré le début de prise de conscience post COVID —ou au contraire glamourisé comme l’expliquait très justement cette tribune de la newsletter mūsae qu’on adore, ici.

Au delà de mon cas, chez les identités minoritaires ou marginalisées, là où l’intime croise le politique, les difficultés en matière de santé mentale sont décuplées comparé au reste de la population. L’OMS disait déjà il y a dix ans que le suicide touche plus fortement les groupes discriminés. C’est vrai pour le genre, l’orientation sexuelle, le handicap, l’âge, et, ce qui nous intéresse aujourd’hui, l’appartenance culturelle.

Question raciale et santé mentale en contexte post-colonial, c’est une quantité de sujets abyssale.

C’est Frantz Fanon, militant martiniquais du FLN et pionnier de la pensée décoloniale qui, alors psychiatre à Blida, avait disséqué la psyché du colonisé. À coté de lui et après lui, c’est toute une lignée universitaire et littéraire qui tente de penser les conséquences psychologiques du trauma colonial, ce sont ces avancées dans le domaine de l’épigénétique, qui dit (en très, très gros) que les traumas des ancêtres modifient l’expression de notre ADN. Ce sont aussi toutes ces nouvelles approches psychothérapeutiques transculturelles et ces réseaux de thérapeutes safe qui se développent.

Ce sont ces discussions passionnantes avec tous les projets artivistes cousins que je rencontre, sur les nouvelles expériences de ré-enracinement psychique et de guérison collective par l’expression artistique et la réappropriation de pratiques ancestrales (récemment, coucou à Awal, Kif Kif Bledi, Frieda 👋💚)

C’est la charge raciale en contexte professionnel et académique CSP+ notamment, dont on pourrait parler des heures ! Ce devoir d’exemplarité et/ou de témoignage que l’on a parce qu’on est un échantillon disponible de sa « minorité visible », la sérénité avec laquelle il faut déjà recevoir et parfois répondre au racisme ordinaire, et toutes ces stratégies de sur-adaptation et de survie sociale que l’on développe pour naviguer le monde professionnel. « De mon temps », on les vivait dans son coin en se disant qu’on était le problème. Aujourd’hui on conscientise collectivement le phénomène (merci @lachargeraciale !). On le documente officiellement comme avec cette toute récente étude IFOP x Club 21e qui révèle que la dissimulation de ses appartenances pour ne pas subir de préjudice est une stratégie courante chez les jeunes actif.ve.s issu.e.s de minorités. Et on cherche des solutions, comme le montre le nombre croissant d' »ethno-coachs » issu.e.s elles et eux-mêmes de minorités culturelles.

Ce sont aussi les équations impossibles que l’on doit résoudre en tant que personne racisée, entre besoin de soutien psychique et peur d’exposer une de ses communautés d’appartenance à un racisme supplémentaire, comme en parle l’association Lallab dans cette campagne sur la question des femmes musulmanes face aux violences sexistes et sexuelles intracommunautaires.

C’est aussi le racisme médical que subissent les personnes et en particulier les femmes racisées. On se souvient du terrible enregistrement de l’appel au SAMU suivi du décès de Naomi Musenga pour refus de soin en 2017. C’est vrai pour la santé physique mais il en va de même pour la santé mentale, on parle de « syndrome méditerranéen ».

Et ceci n’est qu’un aperçu, la liste des sujets est longue !

Alors voici la question que je t’annonçais au début :


Est-ce que tu aimerais que Désoriental creuse ce sujet de la santé mentale des personnes racisées ?

Donne-nous ta réponse ici.


Merci pour ta réponse 🙏

Si tu as cliqué sur « Oui ! », on t’enverra un petit questionnaire prochainement pour en savoir un peu plus sur tes attentes, afin de proposer demain le contenu le plus utile et le format le plus agréable possible.

Merci à toi si tu as tout lu jusqu’ici.

Prends bien soin de toi.

Ou pas.

Fais comme tu peux. C’est beaucoup déjà. 💚

Soumaya, fondatrice de Désoriental

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