Les Suds ont le vent en poupe sur la scène française de l’art contemporain. Des artistes émergent.e.s afropéen.ne.s ou eurasien.ne.s, on en voit de plus en plus mais combien de galeries, art fairs, institutions culturelles, médias culturels spécialisés sont créé.e.s des personnes qui ont en héritage ces cultures minoritaires devenues bankable ? Réponse sans aucun suspens : peu.
Et est-ce grave, au fond ? Ça dépend. Si on considère que l’art est une denrée à consommer ou un actif sur lequel investir, non. Mais si l’art est un acte politique, un cri d’existence et de résistance, alors oui, il est probablement important que cette pratique puisse être diffusée par des espaces qui ont une connaissance de première main sur ce que signifient le déracinement, la multiculturalité et la marge.
Dit autrement : pourquoi le métèque se retrouve toujours en bout de chaîne, dans le rôle le plus précaire (ici, l’artiste) ? Pourquoi est-il quasi invisible là où est l’infrastructure et le pouvoir, là où se décide si on va s’intéresser à son récit et quel regard on posera dessus ?
Tu l’auras compris, Désoriental est plutôt sur l’option 2 (que “oui, c’est grave”). C’est pourquoi cette semaine on te présente notre sélection de quatre galeries d’art diasporiques indépendantes à Paris, créées par des personnes issues des cultures promues. L’art EST politique, alors soutiens ta galerie diasporique locale !
1. les galeries Kamel Mennour
On ne peut pas parler de petite galerie indépendante avec la galerie qui représente Daniel Buren et Anish Kapoor mais impossible de ne pas mentionner le pionnier Kamel Mennour dans cette liste ! Enfant de la classe ouvrière venue d’Algérie reconstruire la France, le transclasse Kamel Mennour est un autodidacte. Comme il le raconte, c’est grâce à son travail acharné et à la confiance d’artistes étrangers qui n’entendaient pas “Kamel” mais bien “Paris” que sa carrière a décollé il y a vingt ans. Aujourd’hui visage incontournable de l’art contemporain français, le galeriste continue de prendre des risques et de donner leur chance à des artistes, des zones et des histoires peu reconnu.e.s.
◆◆◆ Galeries Kamel Mennour Paris – 47 rue St André des Arts, Paris 6e / 5-6 rue du Pont de Lodi, Paris 6e / 28 av Matignon, Paris 8e
2. la galerie WAWI
Fondée par le guadeloupéen Garry Déféri et le vitriote Jean-Paul Tran, deux anciens financiers passionnés de streetart, la galerie WAWI a l’ambition de rendre une partie de la manne et des opportunités du streetart désormais institutionnalisé aux artistes émergent.e.s venu.e.s des périphéries populaires. On aime : les fresques murales immersives sur les murs de la galerie qui changent au fil des expos, les afterworks drink and paint et le tropisme afro- et asio-descendant qu’on retrouve par petites touches dans la ligne artistique du lieu !
◆◆◆ Galerie WAWI – 49 Rue Albert Thomas, Paris 10e
3. La La Lande
Une galerie prometteuse spécialisée sur les régions Moyen-Orient / Afrique du Nord avec en fil rouge l’exil, l’errance, le questionnement des identités et de la norme. Co-fondée par deux Tunisiens basés à Paris, l’artiste Ilyes Messaoudi et l’entrepreneur culturel Sofien Trabelsi.
◆◆◆ Galerie La La Lande – 56, rue Quincampoix, Paris 4e
4. Transplantation
Pas une galerie physique, mais une toute jeune initiative qu’on a envie de soutenir fort. Transplantation est un projet hybride fondé par la franco-camerounaise Amandine Nana. Entre galerie d’art, bibliothèque et événements, Transplantation valorise par tous les moyens la créativité diasporique afro-descendante. Le projet itinérant souhaite à terme poser ses valises en devenant un tiers-lieu culturel en Ile de France. La galerie d’art en ligne permet de financer l’action socio-culturelle de l’organisation.
◆◆◆ Transplantation, galerie, bibliothèque, programmes – https://transplantationproject.com/